samedi 22 novembre 2014

une introduction à "Passages...du dessein à l'estampe" Maison des Arts EVREUX



En cours


Du 29 Novembre 2014 au 24 janvier 2015




du 29 Novembre 2014 au 24 janvier 2015




L'image numérique comme dessein

la matrice comme empreinte

l'estampe comme impression





Transformer des images en estampe, c'est sans doute  ce que j'ai toujours fait.
s'approprier ou inventer une image et chercher le moyen de la graver, d'en faire une matrice
Depuis quelques temps dans notre univers de l'impression, la matrice disparaît.


Celle qui nous défie, qui change de nature, qui nous résiste, qui nous contraint  à imaginer des solutions toujours plus excitantes, mais quand on est tombé dedans...



La complexité de l'estampe voilà ce qui m'attire.

Ce médium artistique permet la fusion des genres  dessin, peinture, gravure, photographie et empreinte peuvent se réunir. Cela engendre des stratégies fascinantes qui donnent naissance à des travaux hors du commun, mais pas toujours perceptibles dans le flux incessant de l'image actuelle, devenue immatérielle... Comme un monde parallèle.

L'estampe a joué un rôle dans la diffusion des oeuvres, il a fallu un moment qu'elle soit d'interprétation... il semble que ce soit sa véritable raison d'être...

 Après "White Noise" de Christiane Baumgartner au centre de l'estampe et de l'image imprimée  à la Louvière cela m'est apparu comme une évidence et les moyens qui furent et sont mis au point  en multiplient le potentiel.

 Avec une telle machine de guerre vous comprendrez que je n'ai pas la tentation d'aller voir ailleurs. Tout est bon à transformer en estampe gravée.


Dans gravé, il y a la  trace, il y a aussi l' empreinte, ...









« Faire une empreinte, c’est émettre une hypothèse technique pour voir ce que cela donne, tout simplement » George Didi Huberman.

En ce moment, mes matrices sont les empreintes de mes images numériques

La présentation à la Maison des Arts - Solange Baudoux à Evreux, est axée sur ce travail de l’estampe, bien plus que sur la gravure même si toutes ces estampes sont issues de matrices gravées.


Ma gravure est la mémoire physique d’une conception immatérielle. 

J’ai découvert en 1995 le dessin numérique. J’étais en quête d’un moyen qui me permettrait de neutraliser mon geste et il faut bien le reconnaître ce procédé le permettait …. Avec  ses points carrés incapables de faire une courbe ou une oblique sans exécuter un tracé d’escalier, cela me convenait à merveilles pour établir mes représentations d'architectures. 

Des architectures d'un passé inventé ... de l'entre deux ou les essais sont nombreux mais les traces ténues, certains l'appellent l'antiquité tardive et puis la période s'étire jusqu'au  Haut Moyen Age, une période ou le champs des possibles me laisse libre cours à l'invention, une invention d'interprétation bien sûr, une invention mesurée, faire apparaitre un avenir antérieur.



La salle bleue ou la salle des apparences est consacrée à cette élaboration. 

En référence aux cyanotypes, aux premières "photographies" des campagnes héliographiques organisées par Prosper Mérimée, ou des voyages Pittoresques de Taylor et Nodier. le temps de la promenade et de la découverte, de la réhabilitation

Je pense au travail d'un des inventeurs de la photographie Hippolyte Bayard 

Celui qu'il  a réalisé en Normandie et qui a complètement disparu... 




Aller vers une stratégie de la complexité… pour le plaisir de se surprendre


La Solvanoplastie. 

J'ai découvert un procédé qui me permet de graver mes dessins numériques par un simple transfert sur des plaques de plastique , de rencontrer et de découvrir les écarts entre l’image et ses empreintes, les apprivoiser et diriger mon travail sur cette problématique.

S’éloigner de l’impression constat pour aller vers une impression subjective, une archéologie indicielle à la fois de la trace du transfert, comme le témoignage d’une image qu’il ne s’agit pas d’identifier par l’utilisation d’une iconographie universelle, mais plutôt d’en observer le cheminement  vers l’estampe, comme une reconstitution qui organise  des lectures polysémiques du résultat.

Au départ on ne s’en accommode pas, jusqu'au moment où l’écart fait sens, où l’architecture s’incarne dans l'empreinte, puis par la superposition d’autres empreintes et que s’opère une reconstitution mentale qui s’éloigne du dessin numérique, même si celui-ci reste le substrat.

Je m'atèle désormais à la fois à la dimension graphique et picturale de l'estampe.




Alaredde à Anjwa

Une belle aventure, toujours celle du voyage et voyager en Corée fut une occasion unique en particulier sur les iles d'Anjwa

Reconstitution d’un espace ré-enchanté après le "déceptif" du « ici et maintenant »
L’empreinte par contact, la prise de conscience de l’empreinte qui passe devant la mimesis

  1. la mise au monde ou la matérialisation de mes dessins numériques par leur empreinte gravée (constat)
  2. A partir d’une photographie combinée à un dessin et colorisé à l’aide du  pot de peinture d’un logiciel de retouche d’images, je réinvente les couleurs du paysage et décompose le fichier en CMJN, TSL et RVG  pour  en autant de matrices
  3. L’idée de série par l’impression aléatoire d’une vingtaine de ces matrices pour explorer l’évocation d’un dessin numérique polychrome, depuis 2008, je travaille à l’émergence , à la reconstitution d’une matrice perdue ou de l’empreinte d’une image perdue






L'impression du constat à l'invention

Les écarts de ce procédé, m'ont conduit peu à peu à l'idée de reconstitution, de transférer plusieurs images identiques ou différentes sur des matrices pour recomposer un paysage qui sera réinventé à l'impression


Ce constat atteint, j'ai eu envie d'entrer dans ces "paysages" de m'approcher de mettre en évidence la structure, l'organisation.

par agrandissements j'entre dans la structure du dessein et peut me concentrer sur les assemblages de mes transferts.

 Dans le monde de la gravure, l’estampe est le constat d’un travail effectué sur une matrice… alors j'ai  dévié les enjeux pour axer mes  recherches sur le repentir (le re-mord), la retouche, la correction, la transformation... Mais pas seulement  comme un travail de graveur, mais aussi à l’impression en imaginant des matrices complémentaires.


 Chacune des estampes se construit  par une succession d’empreintes (matrices)  tantôt identiques complémentaires ou différentes.

 Les combinaisons sont variables entre l’emboîtement et l'écart, comme un territoire à définir, une surface  modifiée, oblitérée, révélée, pour donner naissance à des peaux d’architectures... 


Je cherche une forme de qualité par la saturation graphique et l’imprégnation des encres sur le support papier, l’image devient matière, le support gardant la mémoire des passages successifs par la réversibilité  du tirage.


 Ainsi l’estampe se « filigrane » et se donne à lire en fonction de la lumière proposée…Pour aborder le domaine du « trouble » au sens de Guy Scarpetta (décalage, glissement)




Une Histoire d'imprégnation

Le rapport de l’encre au papier ou l’estampe révélée par son verso

L’utilisation du papier Wenzhou  s’est petit à petit à petit imposé comme élément de l’estampe en se liant de manière totale à l’encre au point de laisser apparente au dos, la trace de la première impression.

Cette intrication invisible sur un papier velin est ici sensible sur le papier Wenzhou, l’encre pénètre entre les fibres et donne naissance à cet objet de translucidité et le verso de l’image est comme une visite indiscrète pour aller voir à l’intérieur les choses.  

Ce jeu entre la facade et l’intérieur, la peau et la chair...
L’estampe n’est pas qu'une reproduction,  c’est aussi un objet. 







Faire de l'empreinte une expérience picturale


Les empreintes par "Solvanoplastie" sur les matrices gardent les stigmates des traces du transfert,  les cylindres qui retirent l’image  et le geste de la pose du solvant, cela apparaît comme des zones à fort potentiel pictural.

La quantité de solvant, le temps d’évaporation, la nature du chiffon, la température extérieure sont autant de variables pour faire évoluer les empreintes.

Ces empreintes approximatives de mes dessins numériques on fait évoluer mon regard. Leurs incomplétudes, m'ont amené peu à peu à les combiner entre elles.


et c'est en additionnant ces vestiges par leurs formes et leurs contre formes, que j'élabore une reconstitution...une "archéologie de l'image". 





 L’imperfection de la première se retrouve confrontée à  l'imperfection de sa contre forme sur la deuxième.... il commence à se passer quelque chose….et puis, je continue, jusqu’à ce qu’il émerge du nouveau.



...........................................  Ainsi l’Aivil 29ICO Reloaded est née. 


Après une série d'accidents pendant la réalisation de l'empreinte de son image, j’ai entrepris de la retravailler, tout en la laissant en dormance de 2008 à 2011 date de la première impression.

Celle-ci fut "déceptive", après avoir constaté qu'il n'était pas possible de continuer sur la même matrice, j'ai entrepris de faire une contre matrice, puis une autre au point de disposer de plusieurs matrices pour reconstituer une estampe  qui se matérialisait peu à peu à chaque passage ...


la couleur y est indicielle...elle est là pour designer, révéler les graphismes empreintés sur les matrices.



Chaque matrice se répond et se fond dans l'estampe qui émerge peu à peu entre additions et soustractions











Travailler la complexité de l’image par la couleur

Parler de couleurs en gravure était une sorte de gageure, parce que la couleur s’oxyde au contact du métal.
En travaillant sur le plastique, je résous ce problème…la difficulté était de retrouver une texture sur ce matériau. Graver avec un burin ou une pointe sèche ne pose pas de problème, mais le travail de surface n’est pas abordé….en découvrant que je pouvais transférer des dessins numériques sur la plaque de plastique et que l’opération se transformait en un grainage de la surface sous l’action des solvants et des papiers, j’ai compris qu’il y avait un potentiel pour aborder la couleur et la texture.
Aussi j’utilise tous les procédés de reconstitution que proposent les logiciels de dessins, pour décomposer les images et pouvoir inventer des matrices en vue d’une stratégie.

Tout se joue à l’impression, l’empreinte comme un protocole.

Imprimer n’est pas un geste anodin comme on aimerait le  croire avec l’imprimante à jet d’encre ou la traceuse…..

Imprimer c’est matérialiser, donner corps, incarner. : poser de l’encre par une forme sur un support


Pour moi la couleur est indicielle, elle est là comme sur une carte géologique pour indiquer, repérer, désigner, révéler, extraire, 

La couleur est là pour révéler des empreintes à l'état de strates.








A suivre…