dimanche 27 octobre 2013

L'origine de mes transferts

Les "études mudéjares" 1988-1995

Premiers transferts, première série. Abandon du dessin première tentative 

Ne plus passer par le dessin, mais par une forme de photographie, une image constat, documentaire, parfois mise en scène par le cadrage. 


Pour cela j'ai sélectionné une série d'images photographiques, réalisées pendant notre voyage de 1987 en Espagne du nord et du centre autour de l'architectures mudéjare.  

(historiquement l'architecture mudéjare est une architecture réalisée par des artistes  de culture musulmane pour des  chrétiens)


J'ai travaillé  les images photographiques à la photocopieuse, pour obtenir un grain (transférable),  agrandissements, "rephotocopiage"..., 
J'ai transféré les résultats à travers un vernis sur des plaques de cuivre à l'aide d'un solvant
 (à l'époque le trichlo, puis le perchlo).


Le transfert réalisé, je posais une aquatinte, pour donner du grain à l'image, m'éloignant du rendu trop clinique de l'héliogravure.


Il s'agissait pour moi d'établir une distance avec la photographie. 

L'empreinte de l'image doit primer sur son" identité scientifique":
"cette recherche de la perfection qui libère le concept de toute scorie visuelle"
Ce qui ressort très souvent à travers la photographie contemporaine actuelle au point de n'être plus qu'une illustration du concept , l'image n'existant plus en soi.

Je découvrais ainsi que l'empreinte était la conséquence du travail effectué sur la plaque et non le calque de l'image d'origine. L'aspect Warholien est préjudiciable à l'estampe qu'il a définitivement rangé au niveau de l'image parce que la matérialité n'apparait jamais sauf en fin de carrière sous forme de caprices avec des effets de couleurs dans ses portraits, qui feront dire à certains qu'il y avait une picturalité et qu'il était de ce fait peintre (Bernard Rancillac). Mais surtout il donne l'idée que l'estampe est comme un billet de banque que l'on multiplie à l'infini abolissant toute recherche pour prôner l'application, nous sommes arrivé à l'ère du cynisme qui plait tant aux spéculateurs.


La pratique du transfert qui vient à l'origine de Rauschenberg , de Warhol et de Polke révèlent que l'empreinte devient évocation d'une image, d'un souvenir et comme une ruine gothique, on imagine, on reconstitue... 

Peu à peu je me décale de l'idée d'image originale... pour aller vers son évocation.

 
La matière a (avoir) la parole

Depuis cette période, je m'attache à ce que mes estampes  soient issues d'un travail d'expérimentations, de manipulations. 
L'expérimentation nécessite l’acceptation de l'écart ici provoqué non par le geste graphique, mais par les problèmes des techniques convoquées, et tenter ainsi d'aborder une sorte de poésie d'une possible adéquation entre l'image et la technique pour réaliser cet objet appelé "estampe".

C'est aussi pour cela que je considère la première "étude mudéjare" comme un nouvel état d'esprit. 
Une sorte de libération d'un excès de maîtrise qui me conduisait à faire des images, oubliant ainsi que je faisais des estampes. 

Si je ne renonce pas au récit, celui ci n'est plus linéaire.






Etude Mudejare I - 50 X35 cm - 1988 - transfert sur vernis + aquatinte et blancs retrouvés+ aérographie de vernis







Les Blancs retrouvés

Par la suite, je tente d'abolir l'aquatinte pour essayer d'obtenir l'empreinte de l'image et c'est ainsi que je me confronte à la longueur des morsures et à cette envie rémanente de faire émerger "les Blancs Retrouvés", symbole d'une forme de liberté de la morsure ou je ne contrôle pas à la seconde près mais en minutes voire en heuresj'élimine cette contrainte pour amplifier....


Etude Mudejare IV  - 60 cm x 35 cm - 1993 transfert sut vernis et ré-hauts à la pointe sèche (roulette) - morsure par blancs retrouvés. ici tous les blancs sont nés de la morsure...






1er état

















Pilvi Takala


 Pilvi Takala, une jolie surprise de "Nouvelles Vagues" au Palais de Tokyo cet été

j'ai mis un certain temps à la retrouver parce qu'à cette exposition, il n'y en avait que pour les "commissaires" comme je l'ai déjà écrit... 

Elle a une drôle d'idée: 
arriver en Blanche Neige à Euro Disney et ce qui va s'en suivre. extrait du film

http://www.pilvitakala.com/snowwhitevideo.html

mardi 22 octobre 2013

Les "Aïvil 29ICo reloaded" 22 octobre 2013

État de la série avec la dernière impression:






































 les travaux en cours qui attendent un prochain transfert qui sèche en ce moment























































samedi 19 octobre 2013

Les "Aïvil 29ICo" récapitulatif


Cette iconographie apparait dans mon travail comme une rémanence depuis 1998.





C'est le fichier numérique qui m'a servi de base à l'origine puis petit à petit oublié au fur et à mesure que s'élaboraient les matrices.
 En voilà une épreuve, vous pouvez voire la série entière sur le site:



 












Il s'agit d'une série d'arrangements réalisés de 1998 à 2010, du transfert simple
 mais d'une combinaison de transferts comme une sorte de collage, une reconstitution,
 une greffe sur une matrice, procédé que je reprend régulièrement depuis.
Les encrages et les impressions ont été faites en une seule fois.












































 



























"L'AÏvil 29IC reloaded" est le résultat d'un transfert à priori loupé et que j'ai décidé de reprendre à la pointe sèche la structure numérique pour faire émerger la partie architecturée parmi un chaos provoqué par les déchirements successifs du support du document transféré. 

Commencée en 2008, les premiers tirages de la matrice mère ont commencé en automne 2012,
 j'ai constitué à partir de ces tirages des contre matrices pour aller chercher une complémentarité, la partie caché de cette matrice un peu, comme mettre à jour ce qu'il y a entre le "dessein", une partie libérée de la pensée graphique ou le hasard prend une place importante comme si également j'atteignais la vraie matrice, celle que je souhaitais réaliser sans être obligé de la dessiner mais comme une conséquence de mon geste, faire apparaitre le contre geste, comme pour lire un résultat.

La succession des passages:
les états  matrice mère que je superpose
les contre-matrices qui viennent se juxtaposer



Travail en cours




Travail en cours ...


Les matrices de "L'AÏvil 29ICO reloaded" contaminent l'estampe "Au Claire de L'une" 3ème version

jeudi 17 octobre 2013

"L'Aïvil29iCO" - Petite série


Mettre à jour une série restée dans les tiroirs et qui répond au travail que je fais sur une toute autre échelle.
 Il me faut reconnaitre que seuls les petits formats passent à l'écran et il s'agit de mes premiers essais de polychromie. 
En fait depuis 15 ans le même thème réapparait sans cesse, cette entrée dans la ville...
et en ce moment la lecture de "La ressemblance par contact de Georges Didi Hubermann m'amène à regarder mon travail autrement....






















The Window of appearances

Un extrait d'une des plus belle oeuvre de Philip Glass qui raconte l'histoire de Akhénaton
L'auteur a créé un livret dit et chanté en Égyptien ancien, ce qui ajoute à la qualité de la sonorité des voix vraiment superbes. Ici la Reine Tye Alto, Akhénaton 
 haute contre etNéfertiti soprano

mardi 15 octobre 2013

23 mai 1992




Petite expérience, à partir d'une photographie réalisée en Corse dans une église en ruines, un an auparavant.
 J'ai voulu rendre un hommage au juge Giovanni Falcone assassiné le 23 mai 1992.

Pour cela, j'ai utilisé 9 stencil à l'alcool comme vernis sur le métal
en reportant les lumières au stylo bille, comme un carbone gras.

Chaque espace des 9 stencils ont été mordus au perchlorure de fer dans des temps différents pour indiquer la reconstitution de l'image.






 

lundi 14 octobre 2013

Sivas 1992




Réalisée in situ en août 1992 à Sivas (Turquie)





Je m'étais dit que je réaliserai une série de gravure au sucre directement sur le motif, comme un défi.

Ainsi avec une solution de brou de noix et du sucre mélangé, 
 j'ai représenté cette mosquée à Sivas sur une plaque de zinc, à l'aide d'une plume et d'un pinceau lavis,.
Rentré au Val de Reuil, j'ai pulvérisé un vernis uniquement sur le sucre , puis le sucre fondu dans l'eau tiède, tout le dessin se trouve mis à nu et prêt à la morsure et ce fut une série d'attaques, alternant avec des pulvérisations de vernis jusqu'à saturation de ces morsures pour obtenir des noirs profonds et une image à la limite de la lisibilité.

Le ciel est le résultat de la plaque sans protection en contact direct avec l'acide, ce qui lui donne un voile bleuté. Les seuls blancs se situent dans les architectures, minuscules et brillants ils scintillent comme des étoiles.

Difficile à photographier, elle pourrait être présente à l'exposition à la Maison des Arts à Evreux en décembre 2014 janvier 2015 dans la partie de "celles qui préfigurent les épreuves de maintenant" mes dernières tentatives sur métal.

jeudi 10 octobre 2013

"Dans la série des paléogravures"




                 Alegoria Turistica  1986  eau forte en techniques mixtes :
 vernis mou par dessin et empreinte
aérographie de vernis, défonce au stencil à l'alcool, pointe sèche et brunissage
la matrice est en zinc le mordant était l'acide nitrique

mardi 1 octobre 2013

Damien DEROUBAIX



Une belle découverte, même si cet artiste semble avoir déjà une belle renommée.


Gigantesque bois gravé, peut être pas imprimé de 3,90 m par 5,20 m
collection privée 

L'artiste se revendique de l'univers de la musique métal...

C'est un beau travail de gravure, même s'il est traité d'une manière académique, (travail autour d'un dessin, dans le combat entre Rubinistes et Poussinistes il serait Poussiniste, dans la mouvance de Lebrun), 
la raison en est très simple: depuis quelques années la modernité au niveau de la gravure ne se situe plus dans l'exploration de nouvelles manières, mais plutôt dans l'actualité des sujets, ce qui réduit les recherches autour de ce médium à l'édition, ce pourquoi il a été inventé, il y a quelques siècles.

Ici le problème est encore plus radical, car il n'y a pas d'empreinte, l'artiste fait une oeuvre qui suggère l'estampe, mais qui n'est pas une estampe juste un sgraffite un splendide sgraffite voire même un bas-relief...

 J'y vois beaucoup de choses, ce qui rend réjouissant le travail: des artistes "primitifs" allemands des années 70-80  ( Penck, Georg Baselitz, ou Anselm Kiefer plus "culturel") mais malgré tout "Gauguinifilisé" avec du "présurréalisme" belge de la fin du XIXème siècle  tel Khnopff, bien sûr "Bretonnant" et son africanitude, avec un soupçon "Basquiatanescante"....... 
sans oublier la bande dessinée noire comme celle de Charles Burns . 
En un mot parfaitement intégré dans l'histoire de l'art du XXème siècle et du début du XXIème.

Bien sûr ce sont ses dimensions qui impressionnent, mais on ne s'en aperçoit pas sur un écran d'ordinateur,plus petites, cela n'aurait rien changé à l'image, il y a d'ailleurs fort à parier que l'on se recule comme face à un tableau pour avoir une vision d'ensemble. 


Mais soyons objectif les bois gravés  sont plus intéressants que leur empreinte
parce qu'il y a la matérialité du support, sa couleur et que l'empreinte n'est que de surface si l'on ajoute que  le collectionneur préfère une œuvre originale qu'il a horreur du papier (penser à la photographie actuelle).... fragile et éphémère, voire salissant,  une œuvre solide, pérenne.... et unique , voilà du sérieux...


A comparer avec le travail de Leyla Cardenas qui elle aussi fait des "sgrafittes", mais éphémères.

En espérant que ce courant étrange ne soit pas un simple effet de mode et donne envie de se poser la question de l'estampe, de l'empreinte comme enjeu plastique et non que comme multiple d'un  même.