Premiers transferts, première série. Abandon du dessin première tentative
Ne plus passer par le dessin, mais par une forme de photographie, une image constat, documentaire, parfois mise en scène par le cadrage.
Pour cela j'ai sélectionné une série d'images photographiques, réalisées pendant notre voyage de 1987 en Espagne du nord et du centre autour de l'architectures mudéjare.
(historiquement l'architecture mudéjare est une architecture réalisée par des artistes de culture musulmane pour des chrétiens)
J'ai travaillé les images photographiques à la photocopieuse, pour obtenir un grain (transférable), agrandissements, "rephotocopiage"...,
J'ai transféré les résultats à travers un vernis sur des plaques de cuivre à l'aide d'un solvant
(à l'époque le trichlo, puis le perchlo).
Le transfert réalisé, je posais une aquatinte, pour donner du grain à l'image, m'éloignant du rendu trop clinique de l'héliogravure.
Il s'agissait pour moi d'établir une distance avec la photographie.
L'empreinte de l'image doit primer sur son" identité scientifique":
"cette recherche de la perfection qui libère le concept de toute scorie visuelle".
Ce qui ressort très souvent à travers la photographie contemporaine actuelle au point de n'être plus qu'une illustration du concept , l'image n'existant plus en soi.
Je découvrais ainsi que l'empreinte était la conséquence du travail effectué sur la plaque et non le calque de l'image d'origine. L'aspect Warholien est préjudiciable à l'estampe qu'il a définitivement rangé au niveau de l'image parce que la matérialité n'apparait jamais sauf en fin de carrière sous forme de caprices avec des effets de couleurs dans ses portraits, qui feront dire à certains qu'il y avait une picturalité et qu'il était de ce fait peintre (Bernard Rancillac). Mais surtout il donne l'idée que l'estampe est comme un billet de banque que l'on multiplie à l'infini abolissant toute recherche pour prôner l'application, nous sommes arrivé à l'ère du cynisme qui plait tant aux spéculateurs.
La pratique du transfert qui vient à l'origine de Rauschenberg , de Warhol et de Polke révèlent que l'empreinte devient évocation d'une image, d'un souvenir et comme une ruine gothique, on imagine, on reconstitue...
Peu à peu je me décale de l'idée d'image originale... pour aller vers son évocation.
La matière a (avoir) la parole
Depuis cette période, je m'attache à ce que mes estampes soient issues d'un travail d'expérimentations, de manipulations.
L'expérimentation nécessite l’acceptation de l'écart ici provoqué non par le geste graphique, mais par les problèmes des techniques convoquées, et tenter ainsi d'aborder une sorte de poésie d'une possible adéquation entre l'image et la technique pour réaliser cet objet appelé "estampe".
C'est aussi pour cela que je considère la première "étude mudéjare" comme un nouvel état d'esprit.
Une sorte de libération d'un excès de maîtrise qui me conduisait à faire des images, oubliant ainsi que je faisais des estampes.
Si je ne renonce pas au récit, celui ci n'est plus linéaire.
Etude Mudejare I - 50 X35 cm - 1988 - transfert sur vernis + aquatinte et blancs retrouvés+ aérographie de vernis
Les Blancs retrouvés
Par la suite, je tente d'abolir l'aquatinte pour essayer d'obtenir l'empreinte de l'image et c'est ainsi que je me confronte à la longueur des morsures et à cette envie rémanente de faire émerger "les Blancs Retrouvés", symbole d'une forme de liberté de la morsure ou je ne contrôle pas à la seconde près mais en minutes voire en heuresj'élimine cette contrainte pour amplifier....
Etude Mudejare IV - 60 cm x 35 cm - 1993 transfert sut vernis et ré-hauts à la pointe sèche (roulette) - morsure par blancs retrouvés. ici tous les blancs sont nés de la morsure...
1er état